+32497 28 85 16 hello@palabright.com

Cyberminimalisme – Karine Mauvilly

Cyberminimalisme – Karine Mauvilly

L’auteure

Karine Mauvilly, après avoir été journaliste et enseignante, est essayiste. Elle a co-écrit Le Désastre de l’école numérique avec l’ingénieur et promoteur des low tech Philippe Bihouix en 2016.

Le propos

Dans cet ouvrage largement documenté et axé sur les gestes pratiques, Karine Mauvilly nous invite à adopter le cyberminimalisme. Celui-ci se décline en 7 principes :

  1. Avoir un minimum d’objets connectés, achetés d’occasion.
  2. Pas de téléphone portable avant 15 ans.
  3. Refuser de se laisser remplacer par des logiciels
  4. Fournir le minimum de données
  5. Vivre sa vie sans l’enregistrer
  6. Pratiquer la cyberpolitesse
  7. Ne pas agir seul.e

Ses arguments en faveur du cyberminimalisme touchent à l’environnement, au bien-être, à la santé, à la liberté et au temps. Le reste de son ouvrage est dédié au « comment ». Elle consacre chaque chapitre et thématique à des pistes cyberminimalistes :

  • Chapitre 1 : l’équipement cyberminimaliste

Réduire le nombre d’objets connectés à la maison est salutaire en termes d’écologie mais également d’économie. L’auteure nous invite à faire l’inventaire des machines, connectées ou non, au sein d’un foyer. La liste est longue… avons-nous besoin de tous ces objets ? Est-ce que chaque personne a besoin de son exemplaire ? Au moment de racheter un objet connecté, pourquoi ne pas se tourner vers la seconde main pour diminuer la pression du marché des objets électroniques sur l’environnement ? Quant aux applications et logiciels présents sur nos objets connectés, Karine Mauvilly présente les alternatives permettant de se libérer des géants de la tech.

  • Chapitre 2 : pas de téléphone avant 15 ans.

Les impacts de l’hyperconnexion des jeunes sur leur développement et leur scolarité fait l’objet de plus en plus d’études (voir à ce propos des ouvrages comme ceux de Michel Desmurget). Le placement de marque auprès des enfants pose de grandes questions éthiques. C’est pourquoi l’auteure suggère d’épargner l’accès aux smartphone aux jeunes avant l’âge de 15 ans. A la place, elle énumère toute une série d’activités familiales sans écran et propose de se mettre sporadiquement mais collectivement devant l’écran (pour que ces moments restent des moments de partage). Elle aborde également la problématique de la numérisation du monde scolaire et les possibilités de résistance critique face à celle-ci.

  • Chapitre 3 : la communication cyberminimaliste.

L’hyperconnexion implique plusieurs phénomènes problématiques en termes de communication : le phubbing (= phone snubbing, le fait de regarder son téléphone alors qu’on est en compagnie d’autres personnes) n’en est qu’un exemple et est devenu presque anodin tellement la pratique s’est répandue. Il y a aussi ce que Karine Mauvilly appelle l’e-réputation, conséquences des traces indélébiles qu’il y a de nous sur Internet. En réponse à ces phénomènes, l’auteure nous invite à pratiquer la cyberpolitesse et à entretenir un maximum de lien hors connexion, au dépend des réseaux sociaux.

  • Chapitre 4 : cyberminimalisme au travail

Karine Mauvilly s’attaque dans ce chapitre aux enjeux de concentration et d’efficacité au sein des entreprises multiconnectées. Quelle est la place du téléphone au travail ? Quand faut-il ouvrir sa boite mail ? L’auteure propose des modèles de fonctionnement cyberminimalistes et prône un droit à la déconnexion et une volonté de ne pas se faire remplacer par des machines. Elle propose enfin de faire émerger un droit à la non-connexion.

  • Chapitre 5 : achats et loisirs cyberminimalistes

Karine Mauvilly se penche ici sur l’utilisation des app des géants californiens et ce que nous abandonnons (en termes de données principalement) en les utilisant. Elle propose de privilégier les magasins réels (et locaux) aux grandes enseignes telles qu’Amazon et Alibaba, à qui nous offrons des données et qui font une concurrence écrasante et déloyale aux producteurs locaux. Elle cite également un nombre de sites web alternatifs permettant notamment de chercher des hébergements de vacances ou de profiter de ses loisirs et de ses proches en toute simplicité, en s’offrant des soirées sans écran. Cela ne signifie pas qu’il faille se passer du numérique à tout prix, mais d’en profiter de manière mesurée et diversifiée.

  • Chapitre 6 : que faire collectivement ?

Karine Mauvilly termine son ouvrage sur des pistes d’action collectives à entreprendre, notamment pour prôner l’évolution vers une industrie low tech, faire émerger un droit à la non-connexion, exiger la transparence des algorithmes et développer des machines éthiques.

Notre avis

C’est bien écrit, accessible et largement documenté. Gros coup de cœur pour la cyberpolitesse, l’action collective et le droit à la non-connexion !

Extraits

Mais un nouveau droit doit émerger, celui de libre choix de nos moyens de communication. Il semble en effet illégitime que la connexion Internet devienne obligatoire pour continuer à être un citoyen. (p.153)

Je crois à l’utilité sociale des entreprises, mais quand elles se font purement disruptives, attaquant le maximum de marchés pour engranger des milliards sas souci de l’écosystème économique qui leur permet d’exister, elles sont les ennemies d’une économie apaisée. (p.172)

Le cyberminimalisme propose des refus et des reconquêtes. Refus d’offrir ses données quotidiennement, de se voir imposer des objets connectés. Reconquête de son réseau social réel, du plaisir de vivre sans poster et, bientôt, construction d’un nouveau droit à vivre non-connecté. (p.213)

Pour aller plus loin

La bibliographie est très bien fournie. Pour avoir accès aux autres ouvrages de l’auteure, cliquez ici.