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L’homme nu – Marc Dugain et Christophe Labbé

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L’homme nu – Marc Dugain et Christophe Labbé

Les auteurs :

Marc Dugain écrit des romans mais également des chroniques et des scénarios. Christophe Labbé est journaliste d’investigation.

Le propos :

L’homme nu analyse les intentions des entreprises de big data (les géants du numériques que sont Google, Facebook, Amazon, Apple etc.) de contrôler, voire reformater l’Humanité. D’après les auteurs, nous sommes à l’aube d’une dictature numérique instiguée par les géants du numérique en partenariat avec les services de renseignement notamment américains.

Notre avis :

Il faut garder à l’esprit le domaine d’où vienne les auteurs car il explique que le livre ait été écrit à la manière d’une investigation, avec un ton et un style qui tirent parfois vers le prophétique, qu’on pourrait presque prendre pour du complotisme. Il nous a manqué des explications à l’assertivité du ton employé, et surtout, une bibliographie !

En dehors de cela, les informations révélées dans cet essai sont percutantes, tiennent la route, et dénonce un système encore plus subversif que nous l’avions pensé. Les arguments développés sont tant philosophiques et éthiques, qu’environnementaux et humanistes.

Extraits :

Depuis le début du XXème siècle, un écart croissant s’est creusé entre l’omniprésence de la technologie dans notre quotidien et le faible niveau de compréhension que nous en avons. Le grand public est tenu à distance des enjeux qui se dessinent, mal informé par une industrie qui privilégie l’opacité à l’abri de laquelle prospèrent ses intérêts économiques.

La promesse de nous faciliter la vie vise en fait à nous réduire en consommateurs compulsifs.

Les têtes pensantes du numérique prennent soin de protéger leur progéniture du monde qu’ils préparent pour les enfants des autres.

Dans la logique du big data, c’est la quantité qui fait sens. (…) La vérité est considérée de facto comme objective car elle est issue du traitement de masses gigantesques d’informations. A cette obsession du grand nombre se greffe en prime le fantasme de la neutralité de la technique. Une illusion, puisque les algorithmes sont conçus par des hommes et donc susceptibles de biais culturels, politiques, commerciaux. [Lire à ce sujet le livre de Judith Duportail sur les algorithmes de Tinder]

(…) à force de ne discuter qu’avec des personnes qui nous ressemblent, le brassage d’idées tourne vide, les esprits se ferment, les opinions se figent, Internet comme lieu de débats devient une illusion.

Notre sommeil est un temps mort, hors connexion, qui ne génère aucun profit. Dormir nuit à la rentabilité, à la performance, à l’enrichissement car même quand il n’achète rien, l’individu charge dans le système des données personnelles monétisables.

Ce qui constitue notre humanité, c’est indubitablement la conscience, les idées, la créativité, les rêves. L’information certes, mais en extraire la connaissance et, mieux, la sagesse, ce qu’aucun algorithme ne peut extraire. (…) Le super-calculateur Exascale qui consommera en électricité l’équivalent d’une ville de 30 000 habitants, quand notre cerveau se contente de 1 million de fois moins d’énergie, ne sera jamais capable d’inventé la théorie de la relativité, d’écrire Guerre et Paix ou de composer la Flûte enchantée.

Je consomme, je mate, je joue.

Chercher à comprendre nos émotions, pour toujours mieux nous contrôler et réveiller le consommateur qui dort en nous, c’est l’objectif des big datas. (…) L’objectif ultime étant de déceler les attentes, voire de les précéder.

Comme la malbouffe induit une surcharge pondérale, la “malconnexion” provoque une surcharge cognitive. En vendant des applications sagesse 2.0, les big data se retrouvent dans la situation d’une firme pharmaceutique qui d’un côté commercialiserait des antidiabétiques, et de l’autre, via une filiale, fabriquerait du sucre pour l’industrie agroalimentaire.

Détails intéressants:

Le chapitre sur les logiciels d’anticipation des délits (type Minority Report) m’a fait hurler.